Après l'effort... de l'alcool fort

Aria était rentrée toute heureuse de la quête du Caeserber, elle avait pu récupérer de la fourrure, une griffe, et quelques écailles de la queue. Puis elle avait pu essayer le marteau, et quel essai ! La forgeronne était parfaitement comblée par cette arme, lourde mais puissante. Ses deux mains devaient tenir le manche mais avec un petit mouvement des hanches pour faire balancier, la puissance qui se dégageait alors du marteau était fortement appréciable. En tant que forgeronne, Aria estimait devoir maîtriser les bases de chacune de ses armes : elle savait s'éjecter avec l'insectoglaive, tirer avec les deux fusarbalètes, connaissait pas mal de coup à la longue épée, et savait plutôt bien utiliser les grandes épées, dans les faits elle maîtrisait à peu près les quatorze types d'armes qu'elle pouvait forger, elle connaissait un quinzième type d'arme, appelé Tonfas mais ne s'y était pas encore intéressée. Elle avait le temps devant elle après tout, peut-être qu'un jour elle partirait de Dundorma afin de se former avec d'autres forgerons, peut-être qu'elle se reconvertirait aussi, mais quelle perte alors pensa-t-elle ! La forge rendait service à tellement de personne, et puis, une arme et une armure reflétaient les personnalités des chasseurs, la manière dont ils se battaient en disaient long sur leur manière d'être.

En rentrant à Dundorma, la forgeronne avait laissé le groupe en les saluant d'un « à tout de suite » fort et heureux avant d'embarquer sa charrette, rapidement débarrassée du Caeserber par la Guilde. La forge se situait un peu plus loin que la porte menant à la forêt, il fallait traverser le petit cours d'eau qui grouillait dans la ville, grimper un petit peu puis la forge se trouvait là, imposante et ardente. De l'extérieur les civils pouvaient observer le feu, la lave s'écouler, et les apprentis battre le fer, l'acier, et autre. Quelques armures et armes étaient exposées, prêtes à être vendues -bien qu'Aria préférait faire de la commande uniquement-. Le vendeur devait faire avec le caractère de feu de sa patronne mais au fil du temps il avait appris à faire l'équilibriste, la faisant accepter que vendre des armes toutes prêtes permettait aussi à son commerce de vivre et de gagner de l'argent .
— Je suis revenue à la forge, hurla Aria à l'intention de ses apprentis, j'ai ramené du maccaos mais aussi des morceaux de Caeserber !
La charrette s'arrêta dans l'arrière de la forge, là où les clients n'avaient pas le droit de passer, il faisait un chaleur étouffante, cependant cela ne dérangeait pas Aria qui avait l'habitude du chaud, du brûlant même. Dans la réserve se trouvait de nombreux matériaux, des communs mais aussi des plus rares. Ils ne servaient pas tous pour la forge, certains étant trop abîmés, d'autres ne correspondant pas à la politique qu'elle souhaitait avoir pour sa forge.
— Bon je vais vous laisser !
— Encore patronne ?!
Son apprentie la regarda étonnée et surprise qu'elle les laisse autant, mais la forgeronne avait en réalité toute confiance en ses deux apprentis, c'était elle qui les avait forgé, puis elle pouvait bien s'octroyer un peu de repos non !
— Oui ! Je sors manger, expliqua la forgeronne, je reviendrai dans l'après-midi !
Avant qu'ils n'aient pu dire quoi que ce soit, la femme avait délaissé son marteau et son armure, reprenant ses vêtements bleus habituels.
— Au fait, ajouta Aria, ne vous ennuyez pas pour dépecer les maccaos, je m'en occuperai en rentrant !
Sur ces dernières paroles, et passant sa main pour remettre en arrière ses cheveux, elle sortit de l'endroit à la température caniculaire.

Il ne lui fallu pas longtemps pour trouver l'auberge, Aria qui avait un appartement où vivre n'allait pas régulièrement dans cet antre de chasseur alcoolisé, elle poussa tout de même la porte d'un pas assuré. Elle ne trouva pas Écho du premier coup d'oeil, et se dirigea alors pour aller commander, une cuisse de gargwa avec quelques baies et herbes, et enfin elle aperçut les cheveux blancs de la petite.
— Alors, qu'est-ce que tu as pris finalement ?
La forgeronne s'assit sur le banc de la table, regardant la porte et autour d'elle, Sonakhor et Gladio n'étaient pas encore arrivés, sûrement n'allaient-ils pas tarder !
— Aller, après le repas il faudra quand même que je retourner bosser, je ne peux pas passer ma vie à chasser et à manger, s'amusa la forgeronne qui avait bien hâte de manger.

–

Le chasseur avait laissé le groupe comme la forgeronne, il voulait retrouver le mizutsune qui parvenait à peu près à tirer la caravane sans être bien harnaché mais qui avait besoin d'aide pour enlever le cuir. En dehors de ça, il n'avait rien d'autre à faire avant d'aller les rejoindre pour le repas. Ensuite il repartirait, peut-être vers le village de Jumbo, ou bien il irait prendre le bateau pour Tanzia. Gladio pensait aussi à se diriger vers le nouveau monde, afin de visiter, de trouver d'autres défis. Dans tous les cas, il allait repartir sur les routes, chassant les quêtes qu'on lui proposerait, ne se posant jamais. Une vie très nomade en soit mais qui lui sied bien il trouvait.
— Alors mon grand, c'était pas trop ennuyant pour rentrer seul ?
Le mizutsune émit un glapissement joyeux quand il aperçut le chasseur, il se tenait non loin de la caravane, toujours harnaché mais pas attaché à celle-ci. Alors quand le chasseur fut à sa portée, le léviathan s'approcha pour venir frotter sa tête pleine d'appendice contre le ventre de l'homme barbu.
— Mais oui, moi aussi je t'aime bien l'écailleux, assura le chasseur en frottant le haut du crâne de l'animal, aller, je vais t'enlever tout ça.
Avant de lui retirer quoi que ce soit, Gladio grimpa dans la caravane et en ressorti avec un sceau contenant des fruits et du poissons, il le posa non loin du léviathan qui vint renifler puis qui se mit à dévorer l'intérieur du sceau. Pendant ce temps, le chasseur défaisait les boucles, retirant les sangles et libérant rapidement le mizutsune de tout son ornement en dehors du collier permettant de l'identifier comme compagnon de quelqu'un.
— Je te ferai du poisson frit ce soir, promit le chasseur , mais en attendant je vais te laisser, tu ne fais pas de bêtise ok.
L'animal hocha la tête et fila tout droit loin de la ville, allant sûrement retrouver un cours d'eau ou traîner dans les parages, cela signifiait que s'il repartait il allait sûrement devoir faire cavalier seul au début, portant la caravane à bout de bras. Même pour lui, tout en muscle, déplacer la caravane n'était pas agréable, mais soit, il le ferait au début puis s'arrêterait pour la soirée et la nuit. En attendant il fallait qu'il retourne en ville et qu'il retourne à l'auberge plus spécifiquement.
Gladio regarda une dernière fois vers l'endroit où le léviathan avait filé, puis il retourna dans les rues de Dundorma.

Le chasseur avait délaissé son armure et sa grande épée, préférant quelque chose de plus tranquille pour aller manger, et ensuite il repartirait sûrement, peut-être même irait-il faire un tour à la forge d'Aria avant de prendre la route, c'était une possibilité plutôt que de trouver un forgeron sur la route. Enfin, encore fallait-il qu'il ait assez d'argent pour se payer un forgeron, ce qui n'était pas toujours le cas, au moins il n'avait pas à payer de loyer -ce qui était au moins ça car ce n'était pas avec ses revenus qu'il aurait pu-.

Lorsqu'il poussa la porte de l'auberge, Gladio repéra immédiatement Aria et Écho, déjà attablée, il les salua d'un signe de tête et se dirigea pour demander à manger, un steak d'aptonoth, servi avec quelques féculents divers. Assez pour tenir jusqu'au repas du soir, il avait tendance à être un gros mangeur, afin de compenser avec les nombreuses heures de sport et de chasse qu'il faisait pour se maintenir en forme.
Après sa commande, il alla s'installer à la table, il ne manquait plus que Sonakhor et leurs plats afin de passer le repas. Son regard s'était attardé sur les autres usagers de l'auberge, un poil plus calme que le matin : les gens s'installaient pour manger, ils buvaient plus calmement mais surtout mangeaient en buvant..
— Alors Gladio, qu'est-ce que tu vas faire après le repas, demanda Aria en buvant une petite chope de bière.
Le chasseur regarda l'alcool d'un œil étrange avant de se servir de l'eau.
— Je vais sûrement repartir sur la route, prendre des quêtes là où il y en a et puis voilà.
— Et toi ma ptite Écho, tu feras quoi ?
Aria s'était rapidement retournée vers la jeune fille, laissant presque penser qu'elle ignorait la réponse de Gladio -ce qui n'était pas le cas évidemment-, mais en attendant Sonakhor et la nourriture, ils n'allaient pas se regarder en silence !

« Nom d’un Zamtrios... » Les derniers instants de la chasse avaient donné un bon coup d’adrénaline à Sonakhor. Il n’était pas mécontent qu’elle se termine. En fin de compte c’était une éclatante victoire pour lui, il avait validé sa première quête de grand monstre ! A plusieurs, certes, mais ce n’était pas l’important. L’essentiel était qu’il avait assuré sa place de chasseur. Enfin presque, il ne restait plus qu’à ramener le monstre à la Guilde de Dundorma, mais à moins qu’ils ne soient attaqués en chemin cela ne devait pas vraiment poser de problème, si ? Rangeant donc son fusarbalète dans son dos, il se dépêcha de retourner à son campement et de le démonter. Fort heureusement il ne déployait jamais trop d’affaires, la plupart restaient bien empaquetées et harnachées dans la carriole tractée par le Popo – plus facile pour repartir de façon impromptue, et ça évite que les équipements soient à l’air libre et puissent geler trop vite. Il prit quelques minutes pour ramasser les champignons dont il avait parlé à Echo et les ranger dans des fioles ; il les prit presque tous, sans faire de distinction. Echo saurait sûrement déterminer ceux dont elle a besoin. Puis il retourna au lieu de capture rejoindre les autres.

Le retour fut rapide et sans encombre, Sonakhor découvrit qu’ils étaient en fait très proches de Dundorma, ce qu’il n’avait pas du tout soupçonné. Il aurait sûrement besoin d’une carte plus précise plus tard, pour l’instant il avait ses compagnons de fortune, qui somme toute formaient une plutôt bonne équipe, même dans l’imprévision. C’est ainsi qu’il entra avec eux dans la ville, qu’il découvrait pour la première fois. Elle était sans commune mesure avec Tanzia, ou même Minegarde : si ces villes portuaires s’étendaient plutôt en longueur sur la côte afin d’accueillir le plus de navires possible, Dundorma était grande selon toutes les proportions. Mais le plus imposant restait sa muraille, terriblement haute et épaisse, qui ne pouvait qu’imposer un immense respect pour ses créateurs. Même les plus grands monstres que Sonakhor connaissait n’étaient pas assez grands pour ne pas pouvoir passer par la porte ! Dundorma était ainsi une forteresse suprême, puissante et impénétrable aux yeux de Sonakhor.

Guidé par ses nouvelles connaissances, il fut emmené au poste de garde de la Guilde qui se trouvait juste derrière la porte de la ville, et où il aida à décharger le Caeserber et remplir les formalités administratives. Il rendit aussi sa première quête, et récupéra par là même sa première récompense de quête ! C’était un excellent début pour lui. Il n’avait pas prélevé beaucoup sur le monstre, un peu de fourrure tout au plus ainsi que des écailles, il ne savait pas si quelqu’un saurait faire quelque chose avec seulement ces composants, mais cet argent allait sûrement être réinvesti dans sa première armure. Finis les équipements trop grands et lourds ! Sonakhor repartit tout joyeux du poste. Puis il se rendit à l’auberge, en suivant les indications qu’Aria lui avait donné. Il trouva sans trop se perdre, et réserva une chambre ainsi qu’une place aux étables pour son Popo et sa charrette. Il emmena l’essentiel de l’équipement dans sa chambre, qui n’était pas très grande mais était bien équipée et confortable, il ne lui fallait pas plus. Il entreprit de déballer son fusarbalète lourd, il n’avait pas eu l’occasion de l’utiliser mais il avait besoin de l’entretenir régulièrement. Il était si vieux et peu entretenu, que lorsqu’il l’avait essayé pour la première fois dans son village la balle était sortie en charpie à cause de multiples accrocs et traces de rouille dans le canon. Il en restait toujours un peu d’ailleurs, alors il s’efforçait de nettoyer assez souvent le canon, du mieux qu’il le pouvait.

Accrochant le fusarbalète lourd derrière son épaule libre, il se passa les sacoches de munitions en bandoulière, puis pris son sac à dos d’une main et la fiole contenant les champignons de l’autre, et alla dans la grand-salle où il devait retrouver les autres chasseurs. Ils étaient tous arrivés avant lui et occupaient une grande table juste à eux trois. Sonakhor rejoignit leur table, posa le sac à dos et les sacoches sur la table et les fusarbalètes sur le banc, puis toujours la fiole en main il alla rapidement commander une mousse de Mosswine accompagnée de légumes locaux. Enfin il alla auprès d’Echo et posa la fiole à côté d’elle : « Tiens, voilà les champignons qui étaient à côté de mon camp. Je n’en connais aucun donc je te laisse trouver lesquels il te faut, et si tu sais quoi faire des autres je te les laisse aussi. » Puis il alla s’asseoir à la quatrième place, en face de Gladiolus et de son steak rougeoyant, et ramena près de lui son sac à dos pour en sortir une bourse remplie à craquer. En attendant d’être servi, il l’ouvrit, dévoilant des coques en tout genre : baies-coque, coques en os de tailles variées, tous pouvant potentiellement servir de réceptacles à poudre hermétiques et donc être transformés en munitions. Il se mit alors à faire le tri, tout en discutant : « c’est important de s’assurer d’avoir de bonnes munitions, c’est tout aussi important que de manger ! »

Ayant accroché la conversation en cours de route, il avait compris que les autres parlaient de ce qu’ils allaient faire une fois le repas terminé – une fois qu’ils n’auraient plus rien à faire ensemble, en somme. Le jeune chasseur y avait réfléchi pendant qu’ils rentraient en ville, et il était à peu près sûr de sa réponse. Tandis que les plats étaient servis, il attendit que les autres finissent de répondre pour se lancer :

« D’abord je vais rester ici pour quelques jours, le temps de découvrir la ville. Cela fait tellement longtemps que je rêve d’arriver dans un endroit aussi actif, maintenant que je suis officiellement chasseur de grand monstre j’ai une indépendance presque complète et je compte bien en profiter. Mais avant de me mettre à chasser dans les parages, je vais retourner dans la Mer de Glace, de préférence avec une quête. J’aimerais annoncer la bonne nouvelle à ma famille déjà, mais surtout il faut que j’y retrouve un… une connaissance. Votre histoire de lien m’a intrigué et je veux vérifier cela avant de me mettre à la chasse à plein temps. Et ensuite… je ne sais pas, ça dépend de comment cela se passe. Ensuite je chasserais, j’imagine. J’aimerais bien avoir mon propre équipement.» Cela lui semblait déjà être un bon programme, le voyage n’était ni rapide ni facile, l’aller-retour prendrait du temps. Faire une quête dans le même temps lui permettrait d’amortir le coût du voyage en plus de l’aider dans ses débuts de chasseur, d’autant plus qu’il connaissait déjà très bien la région. Il devrait pouvoir faire la quête seul sans véritable problème – vu comment la région est reculée, il serait sûrement le seul chasseur à vouloir y aller de toute façon.

La faim lui tiraillait tout le corps, bien plus que l'envie d'aller se débarbouiller le visage après une escapade en forêt. Il fallait dire qu'elle y était restée toute la matinée, mais sûrement qu'avec les fumées de la forge Aria avait l'habitude de la couche de poussière sur son visage. Tant que cela ne se voyait pas alors ça lui convenait, son travail était salissant de toute manière, il faisait suer, il abîmait le corps tout en le forgeant aussi. Il faisait inhaler de la fumée, de la cendre, et à terme, sûrement qu'elle finirait comme son père : à moitié sourde, à l'odorat perdue à cause de la fumée et aux mains calleuses. Ou peut-être qu'elle finirait pas quitter le métier, partir faire autre chose. Cependant Aria ne s'imaginait pas ne rien faire, bien trop active pour rester tranquillement dans la maison, elle voulait voyager aussi, mais comment faire avec une forge ? Elle se demanda si elle pouvait rester propriétaire de sa forge mais la laisser à ses apprentis et partir ouvrir une forge ailleurs...

— Oui le poisson est plus cher, tout en ville doit te paraître plus cher, affirma même la forgeronne, quand je pars pour Jumbo, là où il y a ma famille, on trouve facilement des aliments à bas prix, ils sont cultivés sur place, puis souvent on connaît les familles aussi, ça aide !
Aria attendait son plat avec encore plus d'impatience, après une chasse un bon repas remettait toujours d'aplomb ! Elle aimait bien manger avant la chasse, mais pas trop non plus pour ne pas sentir la somnolence, ni la lourdeur du repas, une fois terminée cependant, son appétit se réveillait d'un coup. Cependant la question d'Écho fut assez surprenante pour que la femme à la peau sombre en oublie sa faim. Les revenus de la forge lui suffisaient pour vivre, elle ne pouvait pas se construire une somptueuse demeure, mais elle vivait avec, pouvait payer ses apprentis, pouvait acheter son aciers, ses matériaux, ses outils. Pourtant elle chassait à côté, et la question de la jeune fille était légitime après tout, Aria répondait toujours la même chose, toujours avec un regard doux, comme celui d'une mère regardant son enfant pour lui expliquer quelque chose.
— Je pourrai m'en passer, c'est vrai, commença la forgeronne chasseuse, mais parfois j'ai besoin de matériaux et c'est sympa de les récupérer soi-même, après tout s'ils sont abîmés bah, ça sera ma faute. Puis j'aime bien tester mes armes, elles ne sont pas à vendre du coup, mais c'est aussi un moyen pour moi de voir si ma manière de faire est encore agréable. J'aime bien quoi, je ne voudrai pas spécifiquement en vivre car j'adore la forge, mais j'aime bien me dépenser à la chasse, récupérer la viande, les matériaux aussi... Enfin bref, j'aime ça c'est tout !
La forgeronne ne releva pas spécialement la partie « Ce sont des trucs d'hommes », elle préférait laisser ça de côté, même si elle n'aimait guère ce genre de propos, pourquoi les hommes plus que les femmes seraient plus capables ? Mais cela ne lui servait à rien de tenter de discuter là-dessus : Aria voulait s'amuser, profiter du bon temps.

Son désir de prendre du bon temps fut rapidement satisfait lorsque les plats arrivèrent, avec la taille de la wyverne, la cuisse qu'elle s'apprêtait à manger paraissait bien imposante, mais son ventre lui aussi contenant un vide bien imposant. Elle l'attaqua sans ménagement, tout en buvant de temps à autres une chope de bière. Elle pouvait bien se faire plaisir de temps à autre n'est-ce pas ?
-Excuse moi Écho, tu fais plus jeune que ton âge, qu'elle est donc ton secret, que toutes les vieilles femmes comme moi veulent s'arracher ?
Elle éclata d'un rire franc qui fit se retourner quelques têtes avant de reprendre son assiette et d'écouter les trois comparses.

Le chasseur réfléchit un instant au fait de rester à Dundorma, au moins pour quelques jours, il était vrai qu'il avait confié des matériaux à la forge et qu'il aimerait bien les voir dans une nouvelle armure, une armure de Mizutsune, ou bien dans une arme pourquoi pas aussi. Il pouvait bien rester en attendant de pouvoir récupérer. Mais la ville n'était pas son élément, il préférait la forêt, les plaines ou les déserts...
— Tu veux encore qu'on vienne pour qu'on aille ramasser des insectes c'est ça en fait, taquina Gladio, sinon pour ma part ce fut une sympathique tigrex berserk, mais heureusement nous étions tous les deux à bonnes distances... Et toi Sonakhor, c'est comment la toundra et la mer de glace ?
Gladio ne s'était pas souvent rendu sur l'autre continent depuis sa remise en liberté, cela coûtait de l'argent, il fallait charger la caravane, Goyave... Goyave. Un léviathan ayant horreur du bateau, d'ailleurs il avait arrêté de payer pour son déplacement : le mizutsune devait aller dans la mer et si vraiment il était fatigué de la traversée soit il s'arrêtait et le retrouvait plus tard, soit il s'accrochait discrètement au bateau. Mais les premières fois, le chasseur en gardait de très mauvais souvenir... Il avait voyagé non loin de la Toundra, mais avait surtout exercé ses activités illégales dans la forêt inondée et primitive, parfois le vallon volcanique, mais jamais il n'était allé aussi loin que les premières neiges, personne dans son groupe d'antan ne voulait y aller, trop loin, trop froid, trop dangereux. Trop ceci, pas assez cela dans les faits.

Aria aussi se montra intéressée et curieuse pour la mer de glace, là-bas, il fallait adapter les armures pour les rendre chaudes et agréables, il fallait aussi adapter les armes pour que le givre ne les abîme pas, et souvent il fallait s'en occuper plus souvent. Il n'est jamais bon de remettre dans son fourreau et son carcan une arme ensanglantée, mais elle n'imaginait pas la complexité pour nettoyer une arme dont le sang pouvait geler très rapidement. De nombreux éléments complexes qu'il fallait prendre en compte, tout un art songea la forgeronne avec envie.

Sonakhor n’avait pas imaginé que parler de la Mer de Glace susciterait un tel engouement de la part de tous ses camarades. Durant son voyage vers Dundorma, il avait surtout entendu les gens parler en mal de sa région : « Trop froid », « Trop gelé », « Trop loin » avait-il entendu, même à Tanzia. Et il en avait entendu encore bien d’autres, mais tous tournaient autour de cela. L’un des seuls attraits que les gens avaient étaient pour les minéraux qui en provenaient, ou pour quelques mets spécifiques. Lui-même y voyait bien plus cependant, mais peut-être qu’on trouvait les mêmes choses ailleurs et qu’elles n’avaient donc pas autant de valeur que ce qu’il pensait.

«  Eh bien… En vérité je resterais bien à Dundorma, et même, je compte bien y rester pour chasser. Mais j’ai à faire chez moi d’abord, je pourrais m’en passer mais ça me turlupine. Pour tout vous expliquer je connais un Pokaradon, et… je ne dirais pas que nous sommes liés, parce que je n’en sais rien, mais quand je vois Gladiolus et son compagnon je me demande. Mais je n’ai jamais vraiment tenté le contact, je considère qu’il me tolère sur son territoire mais peut-être qu’il attend que je l’approche ? Je voudrais essayer avant de me mettre à chasser pour mon compte, sinon j’ai peur de ne pas avoir le temps ou l’occasion de le faire plus tard… Et je prendrais bien une quête se passant dans ma région pour pouvoir alléger le coût du voyage, surtout que l’aller-retour est un peu long et cher. »

«  La Crête arctique ? C’est loin d’ici non ? Et ce sont surtout des montagnes c’est bien ça ? Je connais vaguement la géographie en-dehors du continent Sud je dois dire… On y trouve quoi comme monstres ? J’ai déjà vu des Barioths, pour te répondre. Même si c’était seulement de loin, avec des jumelles. Ma famille en a déjà chassé car ils menacent nos troupeaux de Popo de temps en temps. Par contre des Gammoths je n’en ai jamais eu l’occasion non, je sais qu’il y en a dans la région mais elles viennent rarement par chez nous. On a beaucoup de descriptions détaillées d’ailleurs, je les connais bien mais en théorie seulement. Je n’ai jamais vu de dragon ancien par contre, on a pas mal de descriptions du Kushala Daora mais aucun dessin fidèle en bon état. On a aussi des rumeurs d’un Kirin, mais personne dans mon village ne l’a vraiment vu… En revanche j’ai déjà vu un Zamtrios, et le voir sortir de l’eau en cassant la glace peu importe son épaisseur a quelque chose de très stressant… Cette bête est capable d’avaler trois Pokaras d’un seul coup ! Elle est vicieuse et redoutable. Mais ce n’est pas le pire que j’ai vu je pense. Ce devrait être… un Agnaktor glacial je pense. Mais c’est très rare d’en voir dans la Mer de Glace, on les voit plutôt sur la terre ferme dans la Toundra, ils préfèrent les grottes de ce que j’en sais.

Et franchement… La mer de glace, c’est très vivable pour un peu qu’on est équipé. Il y a plein de crevasses partout, autant d’endroits pour se cacher du vent et des monstres. Mais les mêmes crevasses peuvent vous faire tomber de plusieurs dizaines de mètres, ou pire, dans l’eau ! Il faut être très observateur et attentif au terrain. Et par là même je dirais qu’il faut bien choisir son terrain de chasse, et être rigoureux dans la traque des monstres. Le terrain est extrêmement favorable au chasseur qui sait ce qu’il y fait. C’est pour cela que la région a mauvaise réputation auprès des chasseurs et qu’à part ma famille peu de gens viennent chasser dans ces contrées, je les compte sur les doigts d’une main presque ; mais tous ne passent pas par le village non plus. Je pense que la plupart se cantonnent à la Toundra, qui est tout de même un peu plus accessible. Je pense que pour ceux de l’extérieur, il faut une très bonne raison pour vouloir aller à la Mer de Glace sans être vu comme fou. »

«  Il faudra que je regarde si des quêtes sont disponibles pour aller y chasser, il n’y avait pas d’opportunités quand je suis parti de Tanzia, mais peut-être que d’ici il y a plus d’opportunités pour y aller. Il faudra que je me prépare donc j’en ai pour quelques jours avant de faire le voyage, j’aimerais voir quels genres de balles sont utilisées dans la région avant de partir, ça pourrait beaucoup me servir.

… Et j’y pense, j’ai une proposition folle à faire : vu que vous semblez tous curieux à propos de chez moi, certains seraient-ils prêts à venir ? Je pourrais vous montrer tout ce que je connais. Ce n’est pas forcément beaucoup, mais je vous dois bien ça vu comment vous m’avez aidé sur ma première chasse au grand monstre ! »

La mer des glaces... Aria préférait les temps chauds et secs, il fallait toujours qu'elle s'équipe très chaudement, trop chaudement, de la fourrure de Gammoth n'était parfois même pas suffisant pour la garder au chaud, sûrement les effets secondaires du métier de forgeron. Après tout, à force de côtoyer les fourneaux elle s'était habituée aux températures ardentes. Mais savoir gérer le froid faisait aussi parti de son métier, créer des armures bien chaudes pour les chasseurs, elle faisait presque le mêmes métiers que les couturières quand elle y pensait, mais elle les « vêtements » qu'elle confectionnait servaient plutôt à la défense contre les chocs, les boules d'eau, de feu ou de elle ne savait quoi. Si un chasseur mourrait avec son armure elle s'en sentait responsable aussi, après tout, les chasseurs mettaient leurs vies dans les mains de nombreuses personnes en y pensant : dans celles de leurs coéquipiers, mais aussi de leur forgeron et dans les mains du destin puisque même le plus aguerri des chasseurs pouvaient succomber face à un « simple » grand jaggi.

— Venir à la mer de glace et dans la Toundra ? Hmm...
Aria resta pensive un moment, il était vrai qu'elle commençait à tourner en rond à Dundorma, elle était forgeronne et un peu chasseuse pour satisfaire son besoin d'excitation, de sentir son palpitant s'emballer, mais elle voulait aussi voyager. Elle ne voulait pas non plus abandonner sa forge à Dundorma, et une forge portative n'était pas franchement une bonne idée... Elle en avait vu pourtant mais elle trouvait l'alliage de mauvaise qualité, elle trouvait les armes et les armures sans équilibres, sans éclat. La forgeronne ne voulait pas réduire l'art de la forge, ni la qualité ou pire, la sécurité. Sa fourchette dans un moment dans son assiette, sans prendre pour autant des aliments. Sa main sur sa joue, la tête appuyée dessus, elle réfléchissait. En même temps elle voulait partir, mais devenir une chasseuse n'était clairement pas son délire, elle préférait le travail de l'acier, du fer, des écailles de monstres.

Elle ne savait pas trop quoi en penser, alors pour temporiser ses pensées, Aria se pencha, un rictus moqueur sur le visage, et comme pour enfoncer le clou, elle ajouta à la suite d'Écho :
— C'est vrai ça, tu proposes une aventure sur un autre continent comme ça toi, à des gens que tu viens de rencontrer !
La vie lui avait appris que ce qui devait arriver arrivera, on ne pouvait pas y faire grand chose : il fallait se relever et avancer, si la vie voulait les embarquer dans un trafic d'humains alors sûrement qu'elle y arriverait quel que soit le moyen. Sans quoi la femme qu'elle était n'aurait pas perdu l'enfant qu'elle portait. En pensant à ses souvenirs, sa main se porta automatiquement sur son ventre, comme un geste protecteur, en soit son mouvement n'était qu'à peine perceptible, caché par la table ou donnant l'impression de se frotter les mains. Pour Aria le réflexe était resté, comme si sa main cherchait à combler le vide de ses entrailles. Malgré le temps la perte de l'enfant lui restait douloureux, pour elle, elle aurait toujours cet enfant, il serait toujours le premier-né, mort ou vivant.
Même si elle se moquait gentiment de Sonakhor pour sa proposition cela ne la surprenait guère, après tout beaucoup de jeunes chasseurs cherchaient à créer des liens pour former une petite équipe de chasse. Chasser avec des personnes connues permettaient de plus grandes choses que chasser avec des inconnus. Aria avait beaucoup de groupes de chasseurs à la forge, elle voyait bien leur complicité, jusqu'à ce que les paroles deviennent futiles. Quelque part elle leur enviait leur solidarité. Malgré les crimes, le braconnage ou encore les atrocités que l'on pouvait entendre voir des individus si soudés lui faisait chaud au cœur, et au final ses apprentis disaient d'elle qu'elle était comme une maman pour de nombreux chasseurs. Quand ils disaient ça, la forgeronne faisait mine de rien, mais il était vrai qu'elle appréciait revoir les chasseurs dont elle s'était occupée, une mort avait été de trop pour elle, alors son esprit s'était focalisé sur la vie, que ce soit la sienne mais aussi celle des autres. Sans devenir trop idiote ni trop gentille Aria souhaitait le bonheur des personnes qu'elle croisait.

—À réfléchir en tout cas... Après tout il y a des frais de voyage, surtout si vous avez des monstres, affirma-t-elle en coulant un regard vers le chasseur à la grande épée, et je dois penser à ma forge... Tu ne compte peut-être pas repartir demain alors ça signifie que l'on a plusieurs jours pour se décider non ?
En plusieurs jours Aria aurait sûrement une réponse à ce départ vers la Toundra, peut-être même aurait-elle un moyen pour continuer de forger en bourlinguant, même si elle s'attendait à devoir faire l’aumône d'une forge auprès de ces collègues forgerons. Mais ce séjour pourrait aussi lui permettre de découvrir d'autres méthodes de travail, il s'agissait d'un sujet qui l'intéressait, une passion en soit.

Sa fourchette piqua dans son repas et la forgeronne engloutit une bonne part de ses aliments, elle avait un peu de temps pour se préparer à l'idée de partir, assez en tout cas pour au moins prendre sa décision.
— J'envisage oui, mais à réfléchir avec mes apprentis et mon travail, et non je ne suis pas si vieille, mais je me rapproche de la pente descende, bientôt trente après tout !!
Bientôt il n'y aurait pu la fougue de la jeunesse, ni d'ailleurs ce côté impétueux, mais bientôt le côté calme et un peu vieillot pour les nouvelles générations. Bien que cela la fasse rire et qu'en soit elle s'en fichait de l'âge elle se disait que cela allait bientôt quatre ans, quatre ans... Elle trouvait le temps long, et en même temps ces quatre années étaient passées si vite. Elle s'était rapidement reconstruite mais pouvait encore sentir le poids de son enfant mort sur sa poitrine.

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Gladio n'allait pas hésiter c'était vrai, il bourlinguait, voyageait, allait au gré du vent, aidait les autres chasseurs, l'autre continent lui posait plutôt un problème de « connaissance ». Tant qu'on ne lui demandait pas, le chasseur gardait pour lui cette partie du passé, le braconnage n'était pas vraiment le bon sujet pour sympathiser, mais il restait des gens qui pouvaient le reconnaître, le compromettre même. Mais cela ne le dérangeait pas pour autant de partir, dans tous les cas il n'avait rien de prévu, il avait rarement quelque chose de prévu. Gladio n'était pas prêt pour se poser dans un village, pour avoir une femme et des enfants tout en chassant pour protéger le village. Il voulait encore profiter, voyager, mais dans quel but ? Même lui ne savait pas trop, il voulait peut-être en découvrir plus sur le monde, ou bien il voulait expier ses péchés en aidant les autres chasseurs malgré les années de prisons. Si aux yeux de la loi il était libre et lavé, à ses yeux il était encore sale d'avoir mis en péril des espèces, d'avoir pu retirer des parents à des petits, et parfois même en vendant les petits comme animaux de compagnie. Quand le chasseur y pensait il ressentait une certaine forme de dégoût envers sa propre personne mais ce qu'il avait fait était fait, et il ne pouvait pas revenir dans le passé pour le changer. Alors, comme un fardeau, Gladio l'endossait, il ne pouvait s'en défaire comme un Kushala se défaisait de sa carapace de rouille.

— Cela ne m'ennuie pas ouais, je veux bien t'accompagner Sonakhor, confirma le chasseur, ce n'est pas comme si on m'attendait quelque part !
Ils allaient sûrement avoir quelques jours devant eux pour définir leur itinéraire, voir avec quelle embarcation partir, et lui, il allait devoir payer les frais en plus pour sa caravane et son Mizutsune. Déjà qu'il demandait une armure avec les composants laissés par son monstre à Aria, maintenant il allait devoir payer le bateau. Le chasseur reposa ses couverts dans son assiette vide, l'après-midi était avancé maintenant et il savait qu'il ne repartirait pas en chasse rapidement, peut-être même qu'il n'y repartirait pas avant de partir si tout cela se confirmait. Il allait en tout cas falloir boucler rapidement ses affaires en ville avant de partir, afin d'alléger sa caravane, de refaire quelques stocks de fournitures...
— Aria quand est-ce que je pourrai repartir avec l'armure ?
La forgeronne planta son regard dans celui du chasseur, l'air de dire « mais de quoi tu parles ? », puis elle se rappela en effet que son personnel lui avait indiqué qu'il était venu déposer des composants.
— À voir, cela peut prendre quelques jours si je m'y met rapidement, les armures en Mizutsune sont délicates et solides à la fois, c'est comme si tu voulais une armure lourde sans être lourd dedans !
La forgeronne était passée en mode travail, son plat maintenant terminé, elle réfléchit à ce qu'elle allait devoir faire pour une armure en mizutsune, il s'agissait de belles armures celles en ce léviathan mais elles étaient délicates à forger selon l'avis d'Aria. Toutefois, le petit challenge de Gladio la fit entrer dans un léger esprit de compétition lorsqu'il ajouta que de toute manière elle avait su rendre les armures lourdes légères et qu'elle pourrait sans doute forger une armure délicate et solide. Son sourire et la lueur dans le regard du chasseur la mettait aussi au défi. Elle finirait son armure en seulement quelques jours pour lui montrer qu'elle était la forgeronne la plus imposante de Dundorma à ce petit insolent !

— D'ailleurs Sonakhor, et toi aussi Écho, est-ce que vous voulez quelque chose de particulier à la forge ? Tant qu'à faire, si vous devez partir autant vous préparer un peu avant le voyage, vous avez des caravanes en plus, ce n'est pas quelques armes ou armures qui vont changer le prix du voyage !
Aria devait bien se trouver quelques clients pour avoir du travail, et de l'argent, après tout elle était une commerçante aussi !

Le chasseur à la grande épée, lui, s'étira après ce bon repas, s'ils devaient partir ils allaient devoir préparer tout ça, et il devait aussi voir avec la guilde si cela ne posait pas de problème de repasser par ce continent. Il avait le regard tourné vers le futur.

Sonakhor n'avait pas trop réfléchi lorsqu'il avait lancé sa proposition à la cantonnade. Mais trop tard pour lui, le fait était fait, il devait assumer ce qu'il avait dit. Ne se démontant pas face à l'air manifestement sceptique d'Echo et celui moqueur d'Aria, il maintint ses propos :

« - Bah quoi ? J'ai bien aimé chasser à l'improviste avec vous, Echo est compétente en munitions et vous avez l'air de vous y connaître en lien, alors pourquoi je ne proposerais pas ? Je peux y aller tout seul aussi, mais si jamais je veux vous retrouver pour chasser ensemble de nouveau j'aurais du mal si vous ne venez pas avec moi. Enfin... Vous faites comme vous voulez bien sûr, je ne vais pas vous forcer. Et non ce n'est pas pour vous découper et vous manger plus tard, on est pas des sauvages dans mon village vous savez ! Le permafrost c'est pour conserver la viande de Popo, pas d'humains voyons. On fait bien assez de stocks comme ça, et si besoin on chasse ; le cannibalisme c'est pas chez nous. Les monstres sont déjà bien assez friands d'humains pour pas qu'on en rajoute...

- Après c'est loin, c'est sûr. C'est pour ça que j'aimerais bien faire une quête pendant, si possible qui offrirait une réduction sur le voyage. J'ai eu un coup de pouce de la Guilde pour venir, on en aura peut-être un pour y aller et revenir vu que ce n'est pas le secteur habituel de Dundorma. S'il n'y en a pas pour l'instant je chercherais quelque chose qui rapproche je me dis, à proximité de Tanzia je pense. Et s'il n'y a pas non plus à mon niveau, je resterais par ici le temps d'avoir plus d'argent. Je n'ai pas encore regardé les quêtes disponibles, il faut que je repasse au comptoir. Et puis j'ai dit que je ne repartirais pas tout de suite car je veux m'accoutumer un peu ici et j'ai des choses à faire et voir, je viens à peine d'arriver quand même. Mais oui, j'aimerais bien que vous m'accompagniez !

- Et je me dis que vous pourriez tous en profiter, j'ai tort ? Aria tu pourrais trouver des minerais et matériaux que tu ne trouves pas en temps normal dans les parages. On va sûrement croiser des forges sur le chemin, et si tu viens jusqu'à la Toundra tu pourras voir ce que tes équipements doivent supporter par chez moi. Toi Echo, j'ai l'impression que tout ce qui est végétal ou animal t'intéresse, et bien que les plantes sont rares dans ma région elles sont recherchées, des gens meurent pour en ramener quelques grammes seulement. Tu connaîtras déjà une partie des monstres vivant là-bas, tu ne seras peut-être pas trop dépaysée, mais les monstres n'ont sûrement pas les mêmes proies ni les mêmes comportements que par chez toi je pense. Et Gladio... Je ne sais pas, mais dans le pire des cas c'est une ou plusieurs chasses de plus, et des perspectives d'équipement supplémentaire ? Et... du poisson à foison pour Goyave ? Je connais d'excellents points de pêche, où l'on trouve même des poissons de platine si l'on a de la chance ! »


Sonakhor n'avait pas réfléchi à quoi faire de son argent de quête encore, à peine l'avait-il compté. C'est avec un sens très pragmatique et conservateur qu'il répondit « Mon armure n'est pas bien ? Elle est entière non, j'ai vraiment besoin d'en avoir une autre ? ». Il ne dit rien pour les armes, car lui-même aspirait à avoir du matériel propre et bien entretenu, sans tâches de rouille et de gel et sans mécanisme grippé ou canon rayé. Mais tout cela allait faire cher...
«  Je ne sais pas trop encore. Effectivement je voudrais bien des choses, mais je ne sais pas quoi, et je ne pense pas pouvoir me le permettre dans l'immédiat, mes finances sont plutôt balbutiantes actuellement. Il me faudra sûrement quelques chasses avant de pouvoir me permettre de remplacer des parties de fusarbalète. Et l'armure... Elle tient un peu chaud ici c'est vrai mais elle fait bien son travail, elle doit pouvoir tenir encore. »